Travailler de nuit implique souvent des contraintes particulières, mais également des droits et compensations spécifiques. Pour les salariés transfrontaliers, ces règles peuvent varier d’un pays à l’autre. France, Luxembourg, Allemagne ou Belgique… comprendre les critères du travail de nuit et les mesures compensatoires applicables est essentiel pour connaître vos droits. Cet article présente, pays par pays, les principales dispositions à connaître concernant les compensations pour les travailleurs frontaliers exerçant de nuit.
En France
Définition et critères du travail de nuit
Le travail de nuit couvre généralement les heures effectuées entre 21h00 et 7h00, avec des périodes minimales de 7 à 9 heures selon le secteur. Est considéré comme travailleur de nuit tout salarié effectuant régulièrement au moins 3 heures de travail nocturne par jour, deux fois par semaine, ou un total d’au moins 270 heures sur 12 mois, sous réserve des accords collectifs et dérogations légales.
Vos droits : repos compensateur et compensation salariale
Le travailleur de nuit bénéficie de mesures compensatoires pour les périodes de travail effectuées la nuit, principalement sous forme de repos compensateur rémunéré. Une compensation salariale supplémentaire peut également s’y ajouter, le cas échéant.
Ces règles sont d’ordre public, sauf pour certains secteurs particuliers, tels que la radio, la télévision, les discothèques ou les activités liées à la presse, à la production audiovisuelle et cinématographique, ainsi qu’au spectacle vivant. Dans ces cas, le repos compensateur de nuit n’est pas obligatoire si le salarié effectue moins de 35 heures de travail de nuit par semaine.
Le calcul du repos compensateur annuel se fait en fonction des heures de nuit travaillées et selon le barème défini par votre convention collective ou votre accord d’entreprise Pour connaître les modalités précises applicables à votre situation, il est donc recommandé de vous référer à votre accord d’entreprise ou convention collective : https://www.service-public.gouv.fr/particuliers/vosdroits/R2970
Au Luxembourg
Définition et critères du travail de nuit
Au Luxembourg, un salarié est considéré comme travailleur de nuit lorsqu’il remplit l’une des conditions suivantes :
- Il effectue au moins 3 heures de son temps de travail quotidien pendant la période nocturne.
- Il travaille partiellement de nuit selon un accord national, sectoriel ou une convention collective, pour plus de 25 % de son temps de travail annuel.
La période de travail nocturne est définie comme celle effectuée entre 22 h00 et 6 h00.
Vos droits : les majorations de salaire pour travail de nuit
En principe, chaque heure de travail de nuit ouvre droit à une majoration salariale.
En principe, cette majoration ne peut être inférieure à 15 % du salaire horaire. Toutefois, dans le secteur de l’hôtellerie-restauration, une dérogation prévoit un minimum de 25 % pour les heures effectuées à partir de 01h00 et 6h00 du matin.
À noter : les accords d’entreprise ou conventions collectives peuvent prévoir des majorations supérieures, qui prévalent sur ces minima légaux.
En Allemagne
Définition et critères du travail de nuit
En Allemagne, le travail de nuit s’étend de 23h00 à 6h00. Un salarié est considéré comme travailleur de nuit dès lors qu’il effectue plus de deux heures consécutives pendant cette plage horaire.
Vos droits : la compensation du travail de nuit
Lorsqu’aucune disposition spécifique n’est prévue par la convention collective, l’employeur doit compter pour les heures de nuit travaillées soit :
- un nombre approprié de jours de congé payés, ou
- une majoration adéquate du salaire brut.
La loi ne fixe pas le montant exact de cette compensation ; c’est aux parties au contrat de travail et aux partenaires sociaux de juger de ce qui est approprié. Dans cette appréciation, des éléments comme la pénibilité ou la charge de travail peuvent être pris en compte pour déterminer la compensation.
En Belgique
Définition et critères du travail de nuit
En Belgique, le travail de nuit est en principe interdit, mais la loi et des arrêtés royaux prévoient des exceptions pour certains secteurs et professions, comme l’hôtellerie, les pharmacies ou les établissements fournissant des soins (liste non-limitative). On considère comme travail de nuit toutes les heures effectuées entre 20h00 et 6h00.
Vos droits : la prime légale minimale
En Belgique, le travail effectué la nuit, n’entraîne pas automatiquement une majoration de salaire : les heures nocturnes sont en principe rémunérées au même taux que les heures de jour.
Toutefois, il peut arriver que certains secteurs disposent de conventions ou d’accords d’entreprise qui prévoient une rémunération supplémentaire pour les heures de nuit.
Par ailleurs, lorsque le travail entre minuit et 5h est accompli régulièrement, une prime minimale légale est prévue en l’absence d’accord plus favorable. Depuis le 1er février 2025, cette prime s’élève à 1,48 € par heure pour les salariés de moins de 50 ans, et 1,78 € par heure pour ceux de 50 ans et plus.